Ultra Montée du Salève

Publié le par yanshkov

L'histoire commence début octobre 2009 lorsque je découvre par l'intermédiaire du forum kikourou qu'une épreuve au concept très original est organisée en avril 2010 . Il s'agit ni plus ni moins que d'effectuer la grimpée du Salève en courant et de redescendre en télécabine le plus grand nombre de fois pendant 6h ! Je m'empresse alors d'aller fair un tour sur le site internet de l'épreuve et sans mentir, je crois que je me suis inscrit tout de suite !! L'idée de participer à un défi un peu hors-norme et d'être un pionnier en la matière me tente beaucoup et en cette fin d'année 2009, alors que les Templiers se profilent à l'horizon, j'ai mon premier objectif 2010 . Ce sera l'Ultra Montée du Salève !

 

logo.JPG

 

Après une longue coupure en novembre-décembre et un trek en Afrique qui m'aura vu gravir le Mont Kenya et le Kilimandjaro, je reprends l'entraînement sérieusement mi-janvier . Je commence à cumuler alors le dénivelé positif et à perdre doucement les kilos superflus  J'ai vraiment en tête de réussir quelque chose à l'UMS mais ne connaissant absolument pas la montagne des Genevois (nom donné au Salève) je n'ai en tête que les chiffres lus sur le règlement de l'épreuve : 

   

La montée elle-même, mesurée avec un podomètre, s'il vous plaît, fait 2 km 480 mètres pour 663 mètres de dénivelé positif.

 

Soit une pente à 27,7% de moyenne.

 

Comme quoi vous ne serez pas arnaqué sur le dénivelé.

La difficulté du parcours va pratiquement crescendo, avec une pente bien sèche au début du dernier tiers.

Mais la longueur totale de la course fait 3 km et 289 mètres - appréciez l'exactitude - car il y a 809 mètres de plat entre la ligne de départ et le début du sentier.

 

Histoire d'en savoir un peu plus et de faire une bonne séance d'entraînement je poste une invitation sur le forum kikourou à aller reconnaître le parcours . Et c'est ainsi que nous nous retrouvons une grosse dizaine au pied du Mont Salève le 13 mars dernier en compagnie de Francesca Sacco, une amoureuse du Salève et à l'origine de l'UMS . Ce jour là, j'effectue 3 montées dont 2 rapides en redescendant à pied (le récit) et j'en tire plein d'enseignements . Les 7 montées sont tout à fait possibles et une 8ème envisageable ...

 

A 3 semaines de l'évènement, je participe au trail du Ventoux où les sensations ne sont pas terribles mais je ne m'inquiète pas trop car je sais que l'entraînement va payer . Seule ma cheville qui s'est encore tordue m'inquiète un peu et m'empêche de courir les 20 derniers jours . Mais là encore je suis assez serein et j'effectue plusieurs grosses séances en vélo et je sens que je prends de la force dans les cuisses . Un dernier petit footing et une courte rando pour me rassurer et me voilà prêt pour la première édition de l'UMS .

 

Samedi Murielle et moi arrivons à 9h sur le parking du téléphérique du Salève . Nous allons retirer le dossard à la salle des fêtes du Pas de l'Echelle où nous retrouvons pas mal de kikoureurs . Puis nous retournons à la voiture où je me prépare tranquillement .

 

preparation.JPG

 

Il y a pas mal de brouillard mais il ne fait pas très froid et je décide de partir avec une tenue légère Raidlgiht en bambou (le top !) que j'inaugure pour l'occasion . J'ai opté aussi pour un porte-bidon afin de gagner en poids et pour faciliter le ravitaillement en liquide . Pas de bâtons même si je constate que beaucoup de monde les ont pris . Le speaker annonce les coureurs présents et site un inscrit de dernière minute spécialiste du km vertical . Je n'y prête guère attention car je me doute bien qu'il y a au départ des spécialistes de la grimpette ! Je rejoins la ligne de départ quelques minutes avant l'heure fatidique, un peu de stress au ventre et les pulsations un peu élevées . Tant mieux car je n'ai pas pris la peine d'aller m'échauffer, hormis un petit aller-retour au trot sur le parking de ..... 30" ! On nous donne les dernières recommandations et Francesca nous gratifie d'un joli discours .

 

depart.JPG

 

10h, la centaine de concurrents est lâchée !

 

depart--martine-.JPG

 

Et ça part vite, très vite !

 

depart-a-fond--.JPG

 

On dirait que l'on part pour un semi-marathon (remarque au niveau distance c'est un peu ça !) à 16-17km/h ! Les 800 mètres de route sont légèrement descendants . Je jette un oeil au chrono au moment d'attaquer le chemin et constate que nous avons couru 2'30" , beaucoup moins que les 3' prévisionnelles . Je suis en 6ème position mais déjà devant certains s'envolent . Je ne m'en préoccupe pas trop et reste concentré sur mon effort . Je m'oblige à courir jusqu'aux premières marches d'escaliers que j'attaque à la marche, 2 par 2 . Il me faut lever la tête bien haut pour apercevoir les premiers qui sont vraiment impressionnants . Je relance en trottinant sur le replat du Monnetier et reprends la marche rapide dès les forts pourcentages dans la forêt . Tous les autres font des petits pas de course et je me fais doubler par le grand Philippe Rossier et un gars tout aussi grand du Team Tecnica (Guillaume Dentella) puis par le suisse Matthieu Girard . Je ne suis pourtant pas trop mal mais y'a pas à dire il y a des costauds sur cette course ! Je passe sans encombre la partie d'escalade dans les rochers où des cordes ont été installées . Je ne m'en sers pas et opte pour des prises naturelles .

 

passage-escalade--serge-.JPG

 

Je garde mon rythme dans la partie finale, très raide en forêt où je constate que le sol n'est pas glissant du tout aujourd'hui . Je débouche sur la prairie en plein brouillard et passe sous l'arche d'arrivée en 32'44" . Je suis dans les temps que j'avais prévu et c'est déjà une bonne nouvelle . Je retrouve Murielle et sans s'arrêter nous nous engoufrons dans le couloir menant à la télécabine . Là se tient un ravito et  l'ambiance est celle d'une fin de course . Les coureurs discutent avec leurs proches et certains se ravitaillent . On nous annonce que la benne partira d'ici 5 minutes, pour que les premières féminines en profitent .

 

coup-d-oeil-au-chrono.JPG

 

Tranquillement je me dirige vers la benne dans laquelle nous sommes une trentaine à monter . C'est Karine Herry qui est la dernière à monter tandis qu'un concurrent juste derrière voit les portes se refermer devant lui !! L'ambiance est bonne et beaucoup rigolent à l'idée que ça va sentir très vite le fauve ! Je profite de la descente pour bien me ravitailler .

 

la-benne--badgone-.JPG

 

Je suis le premier à franchir les portes de la station inférieure et je prends alors la tête d'un petit groupe d'une dizaine qui se détache . Le rythme est rapide sur la route mais me va très bien et nous effectuons encore une fois les 800m largement sous les 3 minutes . Cette deuxième grimpée se déroule comme la première . Les deux costauds s'envolent dès les premiers pourcentages et un troisième les suit pas trop loin derrière .

 

Pierre-et-Olivier-ds-foret--serge-.JPG

 

J'effectue la première moitié de l'ascension en 4ème position avant d'être une nouvelle fois dépassé par Philippe Rossier et Guillaume Dentella . Arrivé dans la prairie je constate que l'écart sur le gars qui me précède est moins important que lors du 1er tour .

 

065UMS_-7-.JPG

 

En haut je passe la ligne en 32'23" soit un peu plus vite que tout à l'heure ! Tout va bien, je suis dans les temps et je peux espérer peut -être finir dans les 6 premiers .... Mais Murielle qui m'attend là me crie qu'ils ont prévu de faire partir les 5 premiers et je suis ........ 6ème . Gros coup de speed, Murielle court à mes côtés dans le couloir tout en me tendant mon bidon et un gel énergétique . Je crie que j'arrive à Christian qui gère le flux des cabines et parviens à prendre la benne avec les 5 autres . Nous partons au bout d'une petite minute, j'avais en fait un peu de temps ... En descendant, je fais la connaissance des gars : il y a les extra-terrestres du Faucigny Athlétique Club Olivier Morin et Pierre Chauvet (qui n'a même pas l'air de transpirer !!), Guillaume Dentella (team Tecnica) et les suisses Philippe Rossier et Julien Gantenbein, un peu renfermé sur lui même, les écouteurs dans les oreilles .

 

sortie devant matthieu

 

En bas je prends une banane à la volée que je mange à l'arrière du petit groupe que nous venons de former . Le rythme est un poil moins vite que tout à l'heure et j'apprécie le fait de me retrouver dans une telle position . Comme prévu Pierre et Olivier s'envole, suivi à quelques encablures par Julien . Je suis en 4ème position et je m'attends à me faire doubler par Rossier et Dentella d'une minute à l'autre . Mais alors que je garde toujours la même stratégie de marche rapide et de relance en courant uniquement au niveau du Monnetier je constate qu'ils ne reviennent pas aussi vite que précédemment . Devant, la silhouette blanche et noire de Gantenbein est beaucoup plus proche que les fois d'avant . Pourtant je ne vais pas plus vite ! C'est que ça commence à craquer dis donc !! Rossier me double quand même, toujours en trottinant mais cette fois Dentella n'est plus dans son sillage . Et je suis revenu dans le sillage de Gantenbein qui s'est "garé" pour me laisser passer . Je l'encourage au passage mais il n'a pas l'air de pouvoir s'accrocher . Cette épisode me booste d'autant que je garde en visu le maillot orange de Rossier au dessus de moi . A un spectateur qui m'annonce que les premiers ne sont pas très loin je réponds que je suis la tortue de la célèbre fable !! Je boucle ce tour en 33'28", toujours sur les bases des 8 montées . Encore une fois je prends le ravito à la volée, Murielle me tend une bouteille de coca et je rentre dans la benne in extremis !! Tout est allé encore une fois très vite mais psychologiquement le fait de redescendre en compagnie du trio de tête sera prépondérant pour la suite des évènements . Dans la benne nous sommes en compagnie de coureurs qui ont une montée de moins . L'ambiance est vraiment sympa et assez décontractée . Pierre Chauvet m'impressionne vraiment car il n'a pas l'air marqué par ces efforts . Je m'assoie sur le banc afin de reposer mes jambes et continue à me ravitailler . Pour le moment tout va bien !

 

Un nouveau bout de banane au ravito d'en bas et c'est reparti pour un tour . On profite du passage sur route pour discuter un peu . J'annonce en rigolant que je suis le prochain à passer à la trappe (quelle bonne idée de télé-réalité non ?) ... On parle de notre préparation : à vélo pour moi et à ski pour Pierre qui n'a repris le footing que cette semaine . J'évoque aussi le Tour de la Grande Casse 2008 avec Philippe qui avait terminé 3ème . Je n'ose quand même pas lui dire que c'est à poil dans les douches après la course que j'avais pu le croiser ! En tout cas on ne s'ennuie pas sur les 800m goudronnés du parcours . Cette fois les 2 compères du F.A.C ne me déposent pas sur les premiers mètres du chemin et sans forcer plus que ça je reste dans leur sillage . Même quand Pierre se met à pousser sur ses bâtons (il est le seul de nous quatre à en avoir) et à accélérer un peu l'allure je ne perds du terrain que très lentement . Mais je ne cherche pas à rester à tout pris au contact et je garde le même rythme que depuis ce matin . Par contre Rossier revient dès le début des escaliers et je le laisse passer en l'encourageant . Ce point de mire me permet de bien rester en rythme et bien qu'il continue de courir tout le long, Philippe ne creuse pas un écart sur moi trop important . On commence à doubler de plus en plus de coureurs et les encouragements de ceux-ci font du bien .  Après le passage de la Madone, je vois que Philippe est revenu sur les 2 hommes de tête et que je ne suis vraiment pas loin . Il faut se rendre à l'évidence, je suis en train de revenir sur le trio . Au plus dur de la pente, dans le passage d'escalade, Pierre Chauvet est décramponné et je reviens sur lui juste avant le très court replat devant l'Hôtel de la Croix . Je lui demande si ça va car je suis surpris de le retrouver ainsi et il me répond que ça ne va pas, que les jambes le lâchent et qu'il ressent pas mal de lassitude ... Il me laisse passer et je le lâche sans accélérer . Juste au-dessus de moi Philippe Rossier a pris la tête pour la première fois de la journée . Je continue de me rapprocher et à la sortie de la forêt, là où la pente s'adoucit nettement je recolle aux 2 hommes de tête . Je commence à ressentir de l'excitation au plus profond de moi . Olivier Morin pousse un gros cri pour se donner du courage (!!!) et je sens qu'il est un peu dans le dur . Mes jambes vont vraiment bien et j'accélère un peu sur les derniers 300 mètres pour tester mes compagnons . Et avec pas mal de plaisir, je constate qu'ils ne peuvent s'accrocher ...  Je passe sous l'arche électronique en 34'52" quelques secondes devant Olivier et Philippe . Cette fois je peux prendre mon temps au ravito .

 

ravito.JPG

 

Il est plus de 12h30 et je décide de prendre un peu de salé : des Tucs et du fromage font l'affaire . Murielle m'a préparé un bidon de Maxim et je me fais remplir plusieurs verres d'eau par les filles qui s'occupent du ravitaillement . Tout le monde est au petit soin pour nous et c'est super agréable . Comme nous avons un peu le temps avant le départ de la benne, je jette un oeil sur les SMS du portable et lis les messages reçus . Pour une fois que les ondes d'un portable sont positives !! Malgré une attente de presque 4', pas de nouvelles de Chauvet qui a complètement craqué . C'est ainsi que nous ne sommes plus que 3 à redescendre . Comme vous pouvez l'imaginer, le moral est au beau fixe !! Il est 12h45 et j'ai mes 4 montées au compteur . Si je continue ainsi, les 8 sont dans la poche ! Je reste bien assis lors de la descente pour récupérer au maximum et je continue à bien m'hydrater . Le brouillard s'est bien levé et depuis tout à l'heure il fait grand beau et assez chaud .

 

en-bas--badgone-.JPG

 

Comme à chaque fois, nous parcourons les 800m de route en tchatant . J'ai un peu mal à la cheville à la reprise de la course à la sortie de la station mais après 2 ou 3 pas un peu boiteux je retrouve une gestuelle correcte et la gêne disparait peu à peu .Juste après le passage sur le pont surplombant l'autoroute, chacun rentré dans sa bulle et les conversations cessent . Je prends la tête dès le pied et surprise les deux autres ne s'accrochent pas . Je continue à mon rythme, encouragé tout le long par les spectateurs et les coureurs que je ne cesse de doubler . Vraiment merci tout le monde .

 

065UMS_-2-.JPG

 

Je jette un oeil derrière de temps en temps mais j'ai beau m'y prendre à deux fois à chaque fois, pas de poursuivant en vu . Juste avant le sommet en 35'24" , soit presque à la même vitesse que la grimpette d'avant, je reçois les encouragements de Pïerre qui a finalement renoncé .  Murielle m'accompagne à l'intérieur de la station et nous prenons notre temps . Nous commençons à être bien rôdé et je ne manque de rien !! Christian est là aussi pour m'encourager et me motiver .

 

ravito-avec-chris-et-mu.JPG

 

Rossier arrive ensuite mais il s'est passé bien 2 minutes depuis mon arrivée (2'40" en fait) et Morin arrive encore beaucoup plus loin alors qu'on nous annonce que la benne partira d'ici 3 minutes . Le pauvre est plein de crampes et marche en canard . Il s'allonge alors pour profiter des massages dispensés par les professionnels . L'une d'elles me propose de faire de même mais je n'en ressens pas le besoin ni l'envie pour le moment . Avec Philippe nous allons tranquillement vers la benne où Olivier nous rejoint quelques secondes avant le départ . J'ai même bien cru que nous allions nous retrouver à 2 cette fois-ci !

 

En bas, j'ai envie de banane mais il n'y en a déjà plus .. C'est pas grave, une petite poignée de raisins secs fait l'affaire . Cette sixième grimpée est pour moi un copier/coller de la précédente . Je sais que les 8 grimpées sont presques acquises mais je commence aussi à envisager une victoire possible . Cette idée me pousse et sans mollir je continue sur mon rythme aidé par le son des cloches agitées par des supporters !

 

065UMS_-6-.JPG

 

Il faut que je fasse des écarts sur les autres car lors des 3 premières montées j'ai finis assez loin . Le problème c'est que je n'ai pas de temps intermédiaires . En haut en passant sous l'arche je demande au chronométreur s'il a des temps à me donner mais apparemment non . Faudra faire sans ! Au ravito je sens une grosse effervescence autour de moi, les bénévoles sont super gentils et les organisateurs font tout pour que je puisse réussir l'objectif des 8 montées . Je ne reste vraiment pas longtemps car une benne est prête à partir et je m'y engouffre très vite . Christian qui doit donner le départ attend quelques instants mais mes poursuivants ne sont toujours pas là . Cette fois je suis tout seul devant ... Je croque un peu de Sporténine car ça crampouille (!!!) un peu dans les cuisses et je bois du coca . La descente est toujours aussi sympa et j'encourage tout le monde pour la suite . Un coup d'oeil sur l'altimètre pour constater que je viens de battre mon record de dénivelé positif en passant les 4000m+ .

 

Je m'élance pour mon 7ème tour comme à chaque fois . Mais plus de copains à qui parler !! Ca cogite beaucoup dans ma tête . Vais-je avoir repris suffisamment de temps sur Olivier et Philippe pour m'imposer ?? Et si un gars qui avait loupé notre benne dans les premières montées mais grimpait comme un fou et plus vite que moi depuis ? J'élimine très vite cette hypothèse car je ne n'imagine pas quelqu'un pouvoir aller plus vite au bout de plusieurs grimpées . Par contre l'idée d'arrêter au sommet me traverse l'esprit . Ben oui quoi, je vais pas me taper une huitième montée si je peux gagner l'UMS avec 7  . Puis je me ravise en me disant que je pourrais le regretter par la suite ... Ca cogite, ça cogite . A la sortie des escaliers, je croise Pierre qui redescend à pied et je lui demande si j'ai refait mon retard sur Olivier et Philippe . Il croit que je rigole mais je suis très sérieux !! Mais bien sûr que tu as fait ton retard, et largement même, me dit-il . Ca c'est une bonne nouvelle qui me booste une fois de plus .

 

au-sommet-bis.JPG

 

Mais alors que la victoire semble définitivement acquise, mon corps me demande si cela sert alors à quelque chose de faire une huitième . Ca cogite !! De plus j'ai l'impression d'être bien seul et il n'y a plus beaucoup de monde à doubler . Mais vite cette impression est gommée par l'ambiance qui règne dans le pré de la station .

 

065UMS_-9-.JPG

 

Je finis en courant et Christian qui se trouve juste après l'arche me dit qu'une benne est prête à partir d'ici quelques instants . Murielle est là aussi et je n'envisage alors plus de m'arrêter maintenant . Ils ont l'air si contents de ce que je réalise . Je prends quand même quelques secondes pour boire avant d'aller m'assoir dans la cabine pour une dernière descente . Il est 15h tout juste passé et je vais donc avoir presque 55' pour effectuer une ultime ascension (le règlement stipule qu'une arrivée au delà des 6h de courses entraîne l'annulation de la dernière montée) . Ca m'enlève beaucoup de pression et je vais pouvoir savourer !!!! Je motive les gars dans la cabine à tenter une dernière montée mais beaucoup sont au bout du rouleau ... Je propose aussi un peu de coca à ceux qui veulent .

 

Pour cette dernière ascension je suis sur mon petit nuage et malgré le temps qu'il me reste pour valider une 8ème montée, je sais qu'il ne faut quand même pas trop traîner . J'ai encore les jambes pour courir sur la première partie du chemin pas très raide . Dans les escaliers je demande aux messieurs bénévoles qui ont une cibi si le deuxième est passé . Ils ne comprennent pas vraiment ma question (c'est vrai qu'elle n'est pas très claire !!) et me répondent que je suis le premier et que le deuxième n'est donc pas passé ! En fait je voulais savoir si le deuxième avait passé la barrière horaire des 5h15 lui autorisant une dernière montée ... Ils n'en savent rien . Je double encore quelques coureurs, certains ont moitié moins d'ascension que moi mais je les motive à finir avant la barrière fatidique des 6h .

 

au-dessus-du-Monetier--serge-.JPG

 

Finalement cette dernière grimpée passe vite et bien . Faut dire que c'est plus facile quand on est en tête !! A l'arrivée il y a beaucoup de monde pour m'applaudir et je tape dans la main de Francesca qui est tout sourire . Il est 15h45 et je remporte la première édition de l'Ultra Montée du Salève !!!!!!

 

5300m de dénivelé positif après 4h40 d'effort !

 

arrivee--badgone-.JPG

 

Je tombe dans les bras de Murielle pour savourer avec elle . Comme à chaque fois sa présence a beaucoup compté .

 

accolade (badgone)

 

Quelques minutes après, Olivier, qui a retrouvé des ressources dans le final,  arrive juste devant Philippe . On se tape dans les mains, hyper content d'avoir tous trois réussi les 8 montées .

 

accolade-avec-Philippe-Rossier.jpg

 

le-podium.JPG

 

Il faut aussi répondre à la presse et au speaker !!! Pour lire la revue de presse cliquez ici !

 

conference-de-presse--badgone-.JPG

 

classement-UMS-2010.JPG

 

Devant du beau monde !!!

 

Alors que j'attendais le départ de la benne et que je me trouvais seul en tête lors de la 6ème rotation, un gars de l'organisation surpris de me voir dans une telle position commence à me questionner sur mon palmarès ... "Qu'est ce que tu as gagné comme grand trail toi ???" . "Euh ... moi ? ben ... euh ... rien ! "

 

Par contre ceux que j'ai réussi à devancer à l'issue des 6h de course ont un palmarès bien fourni !!! Petite revue de détails .

 

olivier-morin.jpg

Olivier Morin né en 1977 spécialiste du long a terminé 11ème du Tour des Fiz, 13ème des Aiguilles Rouges, 15ème du Marathon du Mont Blanc et 29ème du Grand Raid de la Réunion en 2009 et s'est imposé au Trail du Chateau dans le Gard le 28 mars dernier .

 

pierre-chauvet.jpg

 

Pierre Chauvet né en 1979, n'est pas vraiment un spécialiste du trail . Mais quel palmarès à ski !! Membre de l'équipe de France de fond, il est monté de nombreuses fois sur les podiums des championnats de France . Une semaine avant l'UMS, il était encore à la bagarre avec les Vittoz, Gaillard, Magnificat et autres Jonnier (rappelez vous les JO !) . L'été, il fréquente les pistes du 3000m steeple et les courses en montagne . Si je vous dis qu'il a gagné le kilomètre vertical de la Fully en 2008 devant Kilian Jornet, ça vous parle ??!?  Allez donc faire un tour sur son site internet .

 

philippe-rossier--badgone-.JPG

 

Philippe Rossier né en Suisse en 1962 possède un palmarès impressionnant avec notamment des victoires sur la Grande Traversée des Alpes, sur le Tour des Glaciers de la Vanoise ou encore sur le Grand Raid du Mercantour ! Et ce n'est qu'un tout petit extrait ...

 

J'ai eu beaucoup de plaisir à partager les moments dans la benne avec ces mecs vraiment sympas . Pierre qui avait renoncé m'a beaucoup encouragé dans le final et s'est même excusé de nous avoir "abandonné" . Merci les gars pour ces moments passés ensemble  .

 

Avec les autres je n'ai pas trop eu le temps de discuter puisqu'on n'était ensemble uniquement sur les 2 premières descentes . Petite présentation quand même :

 

matthieu-girard.JPG

 

Matthieu Girard né en 1972, encore un suisse au palmarès impressionnant . 13ème de l'UTMB en 2007 et 7ème en 2008 ! Il est le directeur de course du Trail Verbier St Bernard qu'il a fini à la 3ème place en 2009 . Les organisateurs de cette course m'ont d'ailleurs invité à la prochaine édition mais je me suis engagé par ailleurs . Merci beaucoup, ce sera pour une prochaine fois .

 

 

saleve076.jpg 

Julien Gantenbein né en Suisse en 1982 . Spécialiste du marathon avec un record en 2h34'20" et une 66ème place à New York, il se consacre désormais à l'ultra avec une première participation à l'UTMB pour cette année . Son récit c'est ici .

 

guillaume-dentella-et-julien-gantenbein.JPG

 

Guillaume Dentella  né en 1981 dans l'Ain . Ancien skieur de fond, il se consacre au trail depuis presque 7 ans . 10ème de l'Annapurna Mandala Trail 2003, 12ème à l'Everest Sky Race 2003, vainqueur du Grand Trail de Courchevel 2007. Il est membre du Team Tecnica . Quand on sait qu'il faisait partie de l'équipe ERTIPS ayant tenté le record des Bauges en 2009, consistant à gravir en moins de 24h les 14 sommets de plus de 2000m du massif des Bauges, on cerne bien le personnage !

 

colette-borcard.jpg

 

Un petit mot sur les filles aussi avec la belle victoire de la suissesse Colette Borcard, 1ère à l'UTMB 2004 et de retour après une grosse blessure . Elle s'impose devant l'exceptionnelle Karine Herry, la femme la plus rapide du monde sur le Tour du Mont Blanc en 25h22 !

 

avec-Karinne-Herry.jpg

 

Sans oublier Pierre Prost-A-Petit, ultra-trailer, vainqueur en 2009 de l'Ultra du Toubkal que je n'ai hélas pas eu le temps de rencontrer après course .

 

 Quelques chiffres et la courbe des pulsations :

 

courbe UMS 2010

 

Comparatif de mes temps avec ceux d'Olivier où le remake du lièvre et de la tortue !

 

comparateur-UMS-avec-morin.JPG

 

A  mi-course après 4 ascensions j'ai 6'49" de retard sur Olivier et 3'05" sur Philippe . Je vais donc reprendre 11'56" à Olivier et 9'39" à Philippe dans la seconde moitié en étant le plus régulier . 

 

tps-de-passage.JPG

 

Sur ce tableau on constate une fois de plus que c'est vraiment la régularité qui a payé . Entre ma meilleure montée et ma moins bonne il y a exactement 6 minutes d'écart alors que pour Olivier cette différence est de 11'27", presque le double . Seul Matthieu Girard a été aussi régulier (6'22" d'écart) . Mais plus lent que moi lors de la deuxième ascension, il a loupé la benne et n'a donc pas pu se caler sur le rythme de tête  . Je pense que si il avait basculé avec nous, il aurait été difficile à battre . Comme quoi ça tient à peu de chose .  Autre constat, une baisse sensible de l'allure pour la plupart de mes concurrents entre la 4ème et la 6ème ascension (+6'26" pour Morin et +3'27" pour Rossier) tandis que j'avais suffisamment de ressources pour  rester sur un rythme assez régulier (+1'12") .

 

Tableau de marche

 

N° de montée Temps de montée

Temps de récupération

 Horaire au départ
1 32'44" 11'  10h44
2 32'23" 8' 11h24
3 33'28" 7' 12h04

4

34'52" 11' 12h50
5 35'24" 12' 13h37
6 36'05" 7' 14h20
7 37'14" 8' 15h05
8 38'23" - -
total 4h40'33" 1h04'  

 

Au niveau des vitesses, le record est détenu par Pierre Chauvet lors de la deuxième ascension avec une grimpée à 1500m+/h environ (en enlevant la partie de plat) . En ce qui me concerne j'ai oscillé entre 1350m+/h (2ème montée) et 1100m+/h (8ème montée) pour une moyenne de 1250m+/h pour les 5300m+ . Très honnêtement je m'étonne moi même !!!

 

Une vidéo des trailers du Môle pour goûter à l'ambiance :

 

 

 

GALERIE PHOTOS I

GALERIE PHOTOS II

GALERIE PHOTOS III

 

J'espère que ce récit et ces belles photos (merci à tous ceux à qui j'ai pris des clichés) vous auront donné envie de participer à cette aventure . Car l'UMS c'est l'assurance de passer une journée incroyable entre coureurs (vous connaissez beaucoup de trail où vous pouvez partager et parler avec les derniers au bout de 4h de course ??) mais aussi avec ses proches (plein d'animations sont orgnaisées en même temps que la course : promenade avec un âne, jeu-quizz, produits du terroir, expo et j'en passe ...), les spectateurs et une équipe organisatrice au top . En plus si cette épreuve paraît folle, je vous assure que dès le lendemain vous n'aurez plus mal aux jambes (merci la télécabine) !

 

benevoles.jpg

 

La géniale équipe organisatrice !

 

tartiflette.JPG

 

 Une bonne tartiflette préparée avec le reblochon du vainqueur !!!

 

parapente--langenive-.JPG

 

Et maintenant je n'ai plus qu'à redescendre en parapente grâce au baptême que j'ai gagné ...

Publié dans récits 2010

Pour être informé des derniers articles, inscrivez vous :
Commenter cet article
J
<br /> <br /> Purée Yann bravo !! Palpitant ton récit dévoré d'un coup, suspens garanti...c'est bien écrit et il se lit tout seul...Cette course à l'air extraordinaire..Quelle progression dis donc, tu es mûr<br /> pour de grandes et belles épreuves....Féloches et chapeau bas..;-)<br /> <br /> <br /> <br />
Répondre
P
<br /> <br /> Salut Yann,<br /> <br /> <br /> Félicitation pour cette super victoire. Le choix du porte bidon a été le bon vue le type d'épreuve. Il fallait partir léger.<br /> <br /> <br /> J'ai eu de tes nouvelles par un article sur la course dans Ultraondu.<br /> <br /> <br /> Peut être que nous nous rencontrerons fin août à Chamonix ((Sur la TDS pour moi car je n'ai pas tiré au sort).<br /> <br /> <br /> Bravo!!<br /> <br /> <br /> A+<br /> <br /> <br /> Pierre<br /> <br /> <br /> <br />
Répondre
T
<br /> <br /> Un seul mot : Impressionnant !!!!!!<br /> <br /> <br /> <br />
Répondre
A
<br /> <br /> Ca m'aurait vraiment fait plaisir de voir ça ! Merci pour ce magnifique récit que j'ai dévoré d'une traite et toutes mes félicitations pour cette superbe victoire.<br /> <br /> <br /> <br />
Répondre
O
<br /> <br /> Bravo pour ta course et ton récit !<br /> <br /> <br /> Il y avait une course du même type à Val d'Isère entre 2001 et 2004 ... en mieux !!<br /> <br /> <br /> 24H de montée (+700m uniquement en montée) avec redescente en télésiège (donc pas d'attente)<br /> <br /> <br /> record : 25 montées par un Italien (vainqueur de la Pierra Menta) en 2001 et 20 montées par Corinne Favre en 2004<br /> <br /> <br />  <br /> <br /> <br /> <br />
Répondre